Libération… Réinsertion… Mission
Le récit du possédé libéré invite à découvrir plusieurs aspects dans
l’action de Jésus. Parce qu’il s’appelle « légion », qu’il ne veut
pas quitter le pays, qu’il s’incarne dans des porcs et que ceux-ci finissent
par se noyer, certains y ont vu une allusion à l’occupation romaine. Mais Jésus
n’est pas venu en libérateur politique, Il l’a dit à Pilate : « mon
royaume n’est pas de ce monde ».
Jésus vient nous libérer de nos esclavages : désir de posséder,
ambitions et goûts de pouvoir, hypocrisie, orgueil… qui entrainent catastrophes
et misère dans notre monde, mais également faiblesse, mesquinerie et égoïsme
dans notre vie quotidienne. De tout cela Jésus vient nous libérer, Il vient
nous sauver, mais nous devons être partie prenante de ce salut… Ne
m’arrive-t-il pas parfois de souhaiter (sans vouloir le reconnaître) que Jésus
« ne me tourmente pas » ?
Libéré, le possédé retourne à la vie normale, il est calme, «habillé,
revenu à la raison », il est réinséré ; mais cela peut faire peur,
aussi bien quand il s’agit de ma propre conversion que de l'accueil de l’autre,
du migrant ou du réfugié par exemple. Nous pouvons être tenté de
« supplier Jésus de quitter (notre) territoire ».
Enfin nous avons tous une mission, par forcément une fonction officielle,
Jésus ne consent pas que celui qu’il vient de libérer monte avec lui dans la
barque, mais il lui confie une mission à sa portée : « rentre à la
maison, auprès des tiens, annonce leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi
dans sa miséricorde ». Voilà ce à quoi je suis appelé et ce pour quoi je
le supplie de m’apporter son aide.
Dans son commentaire, la Sœur apostolique de Saint Jean exprime bien
cela : « Une lecture théologique invite à contempler l’œuvre de
salut. En effet Jésus vient le libérer de ses liens avec la mort et des liens
que les hommes ont tenté de lui rajouter. De plus, cet homme voit « Jésus
de loin », rappelant que toute personne distante de Dieu, dans les moments
sombres de son existence, peut Le reconnaître et se laisser sauver par Lui.
Jésus fait de cet homme revenu des morts le premier missionnaire de la
miséricorde pour les nations : « rentre à la maison, auprès des
tiens, annonce leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa
miséricorde ». Qui sont les miens ? Et quelles œuvres de miséricorde
le Seigneur a-t-Il fait pour moi que je puisse leur annoncer ? »
« Seigneur Jésus, donne-moi la grâce
d’un amour sans frontières, un amour qui ne craigne pas d’aller aux périphéries
de la société ou de côtoyer des personnes qui semblent très éloignées de toi
afin de leur témoigner ma foi. La mission est beaucoup plus accessible que je
ne peux l’imaginer. Comme tout disciple, tu m’invites à une attitude de
conversion en permanence dans ma propre vie. Aide-moi, par ta grâce, à me
détacher de plus en plus du mal et à t’aimer et te suivre plus fidèlement. » (Père
Richard Tardiff, LC)
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