La généalogie de Jésus, qui ouvre l’évangile de Matthieu, m’a toujours paru fastidieuse et j’avoue avoir souvent utilisé la lecture en diagonale. Au pourquoi de cette introduction, les commentateurs répondent que le but n’est pas historique (heureusement car il y a des lacunes) mais théologique pour affirmer la messianité de Jésus, descendant de David, il peut légitimement devenir « Roi des Juifs ».Il descend d’Abraham, ce qui l’enracine dans le Peuple de Dieu ; Il vient réaliser les promesses faites à David, et comble l’interminable attente de « celui qui doit venir » pour accomplir l’Histoire.
Le cardinal
Ratzinger (avant de devenir Benoit XVI) a écrit à propos de cette
généalogie : « c’est un véritable Évangile du Christ Roi : toute
l’histoire regarde vers lui, dont le trône subsistera à jamais. » A partir de la formulation du dernier
chaînon : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut
engendré Jésus, que l’on appel Christ », le cardinal y voit la preuve que
« Joseph n’est pour rien dans la conception de Jésus, même s’il est son
père, selon la loi ». Jésus est bien de la tribu de David, par adoption.
Voilà ce que
j’ai compris du but de cette Généalogie. Une autre réflexion a retenu mon
attention, c’est la présence de quatre femmes, sans compter la Vierge Marie, Il
s’agit de Thamar, Rahab, Ruth et Bethsabée. Trois sont étrangères et seraient
mentionnées « pour introduire le monde païen converti et ouvrir, par le
rachat des fautes, le salut à toute l’humanité ». Encore mieux, deux
d’entre elles sont des prostituées, quand à Bethsabée, elle commet l’adultère
avec David et enfante Salomon ! Il
faut y voir, selon les commentateurs : « la capacité de Dieu de lever
des obstacles apparemment insurmontables pour envoyer son Messie… (et le fait
que) le salut passe par les médiations humaines, mais que tout chrétien est
aussi appelé à découvrir une filiation plus profonde ».
Un pasteur
protestant termine ainsi son homélie sur le sujet : « L’étrange généalogie de Jésus nous invite à considérer comme non avenue
et antiévangélique, les notions de supériorité qui s’attachent à la race, à la
nationalité ou au nom. S’il y a une légitime fierté, c’est bien d’appartenir à
la grande, à l’universelle famille des enfants de Dieu. Là il n’y a plus ni
Juifs, ni Grecs, ni noirs, ni blancs, ni jaunes, ni aristocrates, ni
prolétaires, car tous sont un. En Jésus, ils sont les branches et rameaux d’un
seul arbre généalogique dont nous tirons la sève et dont le feuillage ne se
flétrira jamais. »
Dans cette énumération, il y a donc bien des sujets de
méditation.
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