Avent Jour 19 : La généalogie de Jésus


 La généalogie de Jésus, qui ouvre l’évangile de Matthieu, m’a toujours paru fastidieuse et j’avoue avoir souvent utilisé la lecture en diagonale. Au pourquoi  de cette introduction, les commentateurs répondent que le but n’est pas historique (heureusement car il y a des lacunes) mais théologique pour affirmer la messianité de Jésus, descendant de David, il peut légitimement devenir « Roi des Juifs ».Il descend d’Abraham, ce qui l’enracine dans le Peuple de Dieu ; Il vient réaliser les promesses faites à David, et comble l’interminable attente de « celui qui doit venir » pour accomplir l’Histoire.

Le cardinal Ratzinger (avant de devenir Benoit XVI) a écrit à propos de cette généalogie : « c’est un véritable Évangile du Christ Roi : toute l’histoire regarde vers lui, dont le trône subsistera à jamais. »  A partir de la formulation du dernier chaînon : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appel Christ », le cardinal y voit la preuve que « Joseph n’est pour rien dans la conception de Jésus, même s’il est son père, selon la loi ». Jésus est bien de la tribu de David, par adoption.

Voilà ce que j’ai compris du but de cette Généalogie. Une autre réflexion a retenu mon attention, c’est la présence de quatre femmes, sans compter la Vierge Marie, Il s’agit de Thamar, Rahab, Ruth et Bethsabée. Trois sont étrangères et seraient mentionnées « pour introduire le monde païen converti et ouvrir, par le rachat des fautes, le salut à toute l’humanité ». Encore mieux, deux d’entre elles sont des prostituées, quand à Bethsabée, elle commet l’adultère avec David et enfante Salomon !  Il faut y voir, selon les commentateurs : « la capacité de Dieu de lever des obstacles apparemment insurmontables pour envoyer son Messie… (et le fait que) le salut passe par les médiations humaines, mais que tout chrétien est aussi appelé à découvrir une filiation plus profonde ».

Un pasteur protestant termine ainsi son homélie sur le sujet : « L’étrange généalogie de Jésus nous invite à considérer comme non avenue et antiévangélique, les notions de supériorité qui s’attachent à la race, à la nationalité ou au nom. S’il y a une légitime fierté, c’est bien d’appartenir à la grande, à l’universelle famille des enfants de Dieu. Là il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs, ni noirs, ni blancs, ni jaunes, ni aristocrates, ni prolétaires, car tous sont un. En Jésus, ils sont les branches et rameaux d’un seul arbre généalogique dont nous tirons la sève et dont le feuillage ne se flétrira jamais. »

Dans cette énumération, il y a donc bien des sujets de méditation.

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