« Laissez les pousser ensemble jusqu’à la moisson. »
Oui, le Seigneur ne sème que le bon grain, et pourtant l’ivraie ne manque pas dans le champ ! « C’est un ennemi qui a fait cela » et cet « ennemi » est toujours à l’œuvre dans notre monde, dans notre Église, dans nos cœurs !
Quelle attitude adopter face à ce constat ?
Pleins de bonne volonté nous sommes tentés de demander au Seigneur :
« Veux-tu donc que nous allions l’enlever ? » mais ce n’est pas
la logique du Royaume, faite de patience et de respect de la liberté… De toute
façon, avec nos simples moyens humains, serions-nous sûrs d’être
vainqueurs ?
La sœur du Carmel de Frileuse qui assure la méditation du jour
écrit : « Jésus sème la Parole
dans nos cœurs, dans nos réalités humaines. Un ennemi vient y semer, de nuit,
des graines de malheur. Fruits de vie, fruits de mort, poussent ensemble dans
nos cœurs partagés, dans notre monde fragile. Devant ce constat, un zèle
intempestif nous pousse à vouloir trancher immédiatement entre le bon et le
mauvais, alors que les « herbes » risquent de se confondre dans nos jugements
hâtifs. Le Royaume croît lentement, le Maître patiente. Il lui importe de ne
pas risquer d’arracher des fruits de vie en supprimant les forces de mal… La parabole nous amène à découvrir le
visage d’un Dieu qui s’est incarné dans un monde en croissance lente et
tâtonnante, qui donne à chacun son temps, sa liberté, pour laisser grandir le
bon grain. Même le fruit de mort le plus ingrat et horrible, la Croix de Jésus,
quand il est brûlé par l’Amour, devient fruit de vie, entrée dans la moisson
de la Résurrection. C’est jusque-là que la parabole nous fait signe. »
Quant
à Jean Paul Sagadou, il nous fait remarquer : « Face à la présence mystérieuse du Mal dans le monde, le chrétien
ne doit pas vivre de résignation et de désespoir, mais de combat et
d’espérance. Du reste, le plus important pour lui n’est pas d’expliquer le Mal,
mais de s’en libérer. La victoire sur les puissances des ténèbres a été
définitivement acquise par la mort et la résurrection du Christ. Désormais,
nous avons à vivre de la mystique du semeur : agir, faire ce que nous
avons à faire et, pour le reste, faire confiance à Dieu, le maître de la
nature. »
« Esprit Saint, nous ne savons pas prier comme il faut. Viens au secours
de notre faiblesse pour que nous ne nous découragions pas devant tant
d’ivraie dans notre cœur, dans notre Église, dans nos communautés humaines.
Puisque ce que Dieu veut c’est la croissance de son Royaume de vie, interviens
pour nous en nous tenant dans l’action de grâce et la confiance pour les
gerbes de paix, de fraternité, qui mûrissent mystérieusement dans
l’aujourd’hui confus et trouble de notre terre des hommes. »
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