23 février 2024 Moi, je vous dis

 

« Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement »

Je n’ai tué personne et je n’ai nulle envie de devenir un meurtrier, mais est-ce suffisant pour me déclarer juste ? Certainement pas ! C’est ce que Jésus veut me faire comprendre aujourd’hui (Matthieu 5, 20-26). « Vous avez appris » dit Jésus, certaines choses de base, disons un « strict minimum » comme ne pas tuer, mais il ne faut pas se contenter de cela, il faut aller plus loin, plus profond, « moi, je vous dis », c’est cela « surpasser ». Comme c’est valable aujourd’hui où tant de violences, de guerres se déchainent parce que nous n’avons pas été assez vigilants, parce que nous avons manqué d’amour, parce que nous avons été lâches. Je pense à ce que dit Alceste dans « le Misanthrope » : 


« …et je hais tous les hommes :
les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,
et les autres, pour être aux méchants complaisants,
et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
que doit donner le vice aux âmes vertueuses. »

Il ne s’agit surtout pas de haïr, mais au contraire d’aimer, de ne pas tomber dans les colères, les insultes, les vengeances, les injustices qui nous guettent chaque jour.

Sophie Adjon dans « Regnum Christi » actualise ainsi ce passage d’évangile : « Les paroles du Christ restent actuelles, évoquant les défis contemporains. En lisant cet Évangile, je pense à la facilité avec laquelle des personnes se retrouvent fustigées, salies, injuriées sur les réseaux, je pense à ces adolescents qui ne prennent plus le chemin de l’école à cause des moqueries ou brimades d’autres élèves devant l’indifférence des adultes, etc.
Certes, nous nous abstenons de tuer ou de porter atteinte à l’intégrité physique des personnes, mais nous ne manquons pas de les « éliminer » autrement. Nous les tuons par nos propos racistes, sexistes, égoïstes, nos injures, notre indifférence. Nous nous rendons coupables, voire complices, de blessures mortelles infligées à notre prochain, sans y prendre garde.
C’est là le dépassement que le Christ nous recommande : éliminer la moindre étincelle de méchanceté, de haine, de manque d’amour, de colère, d’injure, et tout sentiment même subtile qui pourrait causer du tort à notre prochain. Nos propos, nos pensées et nos sentiments pervers nous sont tout aussi préjudiciables que nos actes. Atteindre le Royaume des cieux ou la sainteté ne se résume pas à accomplir de grandes choses, des exploits, ou s’abstenir de péchés graves, mais nécessite des efforts constants même dans les plus petites choses. »

C’est à cela que doivent nous conduire nos efforts de carême !

« Seigneur Jésus, toi qui es passé en faisant le bien, toi dont la bouche n’a jamais prononcé que des bénédictions, toi qui nous as aimés jusqu’à mourir pour nous alors que nous t’avions trahi et ignoré, je t’en prie, donne-moi de sentir ton amour ! Aide-moi à bénir au lieu de maudire, à aimer au lieu de haïr, à pardonner au lieu d’endurcir mon cœur ! » (Frère Benoît Terrenoir, LC)

 

 



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