« Tout homme qui se met en colère contre son
frère devra passer en jugement »
Je n’ai tué personne et je n’ai nulle envie
de devenir un meurtrier, mais est-ce suffisant pour me déclarer juste ?
Certainement pas ! C’est ce que Jésus veut me faire comprendre aujourd’hui
(Matthieu 5, 20-26). « Vous avez appris » dit Jésus, certaines choses
de base, disons un « strict minimum » comme ne pas tuer, mais il ne
faut pas se contenter de cela, il faut aller plus loin, plus profond,
« moi, je vous dis », c’est cela « surpasser ». Comme c’est
valable aujourd’hui où tant de violences, de guerres se déchainent parce que
nous n’avons pas été assez vigilants, parce que nous avons manqué d’amour,
parce que nous avons été lâches. Je pense à ce que dit Alceste dans « le
Misanthrope » :
« …et je hais tous les hommes
:
les uns, parce qu'ils sont méchants et
malfaisants,
et les autres, pour être aux méchants
complaisants,
et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
que doit donner le vice aux âmes vertueuses. »
Il ne s’agit surtout pas de haïr, mais au
contraire d’aimer, de ne pas tomber dans les colères, les insultes, les
vengeances, les injustices qui nous guettent chaque jour.
Sophie Adjon dans « Regnum Christi »
actualise ainsi ce passage d’évangile : « Les paroles du Christ restent actuelles,
évoquant les défis contemporains. En lisant cet Évangile, je pense à la
facilité avec laquelle des personnes se retrouvent fustigées, salies, injuriées
sur les réseaux, je pense à ces adolescents qui ne prennent plus le chemin de
l’école à cause des moqueries ou brimades d’autres élèves devant l’indifférence
des adultes, etc.
Certes, nous nous abstenons de tuer ou de
porter atteinte à l’intégrité physique des personnes, mais nous ne manquons pas
de les « éliminer » autrement. Nous les tuons par nos propos
racistes, sexistes, égoïstes, nos injures, notre indifférence. Nous nous
rendons coupables, voire complices, de blessures mortelles infligées à notre
prochain, sans y prendre garde.
C’est là le dépassement que le Christ nous
recommande : éliminer la moindre étincelle de méchanceté, de haine, de manque
d’amour, de colère, d’injure, et tout sentiment même subtile qui pourrait
causer du tort à notre prochain. Nos propos, nos pensées et nos sentiments
pervers nous sont tout aussi préjudiciables que nos actes. Atteindre le Royaume
des cieux ou la sainteté ne se résume pas à accomplir de grandes choses, des
exploits, ou s’abstenir de péchés graves, mais nécessite des efforts constants
même dans les plus petites choses. »
C’est à cela que doivent nous conduire nos
efforts de carême !
« Seigneur Jésus, toi qui es
passé en faisant le bien, toi dont la bouche n’a jamais prononcé que des
bénédictions, toi qui nous as aimés jusqu’à mourir pour nous alors que nous
t’avions trahi et ignoré, je t’en prie, donne-moi de sentir ton amour !
Aide-moi à bénir au lieu de maudire, à aimer au lieu de haïr, à pardonner au
lieu d’endurcir mon cœur ! » (Frère
Benoît Terrenoir, LC)
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