Surabondance
Jésus a le souci de nourrir ceux qui viennent l’écouter (Jean 6, 1-15), il
y a six récits de la multiplication des pains ! Il doit penser que nous
comprenons mieux si nous avons le ventre plein ! Invitation au partage et
à tout acte de charité, mais peut-être rappel qu’avant de parler, il est nécessaire
de venir en aide, nourrir le corps avant de nourrir l’âme ou l’esprit.
Pour Jésus, comme déjà pour Elisée, le miracle ne sera pas une création
mais s’appuiera sur une offrande, les vingt pains d’orge et le sac de grain
frais pour « l’homme de Dieu » ; cinq pains d’orges et deux
poissons pour « le Fils de Dieu ». Une fois de plus, Jésus me
dit ; « Je veux avoir besoin de toi pour faire le bien, pour
aider les autres ».Sans regarder au loin, je vois beaucoup de misère
autour de moi, il y en aurait peut-être moins si je savais apporter « mes
cinq pains et mes deux poissons » au lieu de simplement me
lamenter !!! Je retiens cette belle prière d’un commentaire
d’Hozanna : « Demandons chaque jour au Seigneur Jésus de nous
accorder ce cœur d’enfant qui n’a pas grand-chose à offrir mais qui veut quand
même aider. Donnons ce que nous avons, le Seigneur saura le multiplier pour la
gloire de son nom. »
Avec peu, en effet, le Seigneur fait beaucoup. À chaque fois, le bon sens
fait remarquer qu’il n’y en aura pas assez pour tout le monde ; ce qui
peut être quelques fois une excuse pour ne rien faire ! Et à chaque fois,
il y a surabondance. Elisée réplique : « on mangera et il en
restera » ; Jésus invite : « rassemblez les morceaux en
surplus, pour que rien ne se perde ». Et il y en avait beaucoup,
« douze paniers », c’est-à-dire vraiment beaucoup. Sœur Billoteau
intitule sa méditation « Dieu de la surabondance ». Rendons grâce
car, comme dit le psaume « Tu ouvres la main, Seigneur ; nous voici
rassasiés ». Invitation aussi, dans notre société de consommation, à ne
pas gaspiller…
Ce passage se termine ainsi : « Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de
lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. »
Le Père Christophe Champenois commente : « Jésus refuse qu’on
fasse de lui un roi et choisit de se retirer. En faisant cela, Jésus opère une
purification du messianisme. Car pour accueillir les signes que Jésus pose, il
faut dépasser l’horizon immédiat de nos attentes et convertir notre esprit en
profondeur. Cette transformation, c’est ce qu’on appelle la foi, passage de
l’idolâtrie à l’action de grâce qui nous relie à la source de tout don, à
l’origine de notre être. »
« Mon Dieu, de ce repas préserve en moi la saveur de la surabondance et l’appel de la faim, notre fraternité heureuse et la douceur de ta présence dans ton absence même. Alors je grandirai en toi, je sentirai l’exigence de rassasier tous ceux qui ont faim avec ces restes de notre festin que tu m’as confiés, et tu me combleras pour mieux m’affamer de ceux qui m’entourent. Souviens-toi de nous, Seigneur, pour notre bonheur, car mon âme a soif de toi, mon Dieu Vivant ! » (Sœur Dominique)
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